Artémidore d'Éphèse parla abondamment du rêve prémonitoire dans un de ses célèbres traités, qui demeure ce qu'on a écrit de mieux sur l'interprétation divinatoire des rêves prémonitoires. En plus des règles pratiques données par Artémidore pour l'interprétation des rêves prémonitoires, il traite de la prémonition qui vient à l'homme grâce à une lecture exacte de ses rêves prémonitoires. Artémidore donne un exemple dont l'authenticité ne peut être mise en doute : le célèbre songe du marchand de parfums.
Ce marchand révéla à l'auteur un rêve prémonitoire dans lequel il s'était vu sans nez. Or il est évident que, pour un parfumeur de l'Antiquité, la perte de nez (instrument de travail) était la chose la plus grave qui pût lui arriver. « Eh bien, nous raconte Artémidore, ce rêve prémonitoire se répéta par trois fois pendant un certain laps de temps.
À chaque fois les conséquences des rêves prémonitoires furent désastreuses : après le premier, les affaires du parfumeur se mirent à aller mal ; après le deuxième, ruiné, il se lança dans quelque trafic et perdit sa liberté personnelle ; enfin, après le troisième rêve prémonitoire, il lui arriva le dernier malheur qui pouvait encore le frapper : il mourut. »